སྣང་ཡུལ།

Objet apparaissant

Il constitue l'un des quatre objets ཡུལ་བཞི། qui permettent de décrire les perceptions.

En se plaçant du point de vue de l’esprit བློ་ངོར།, il s’agit de l'objet qui apparaît à la perception et est connu རིག་པ། par elle.

Il équivaut ainsi à l'objet saisi གཟུང་ཡུལ།. Seul l'angle diffère : ce dernier est évoqué en se plaçant du point de vue de l'objet lui-même. En d'autres termes, il s'agit du même objet, décrit soit comme apparaissant à l'esprit, soit comme étant saisi par lui.

Ex. Pour la perception visuelle d’un vase, l’objet apparaissant est le vase, pour la perception conceptuelle རྟོག་པ། d’un vase, l’objet apparaissant est l’image mentale དོན་སྤྱི། du vase.

Dans le cas d'une perception non-conceptuelle fausse, aucun objet introductif འཇུག་ཡུལ། ne correspond à l'objet apparaissant (ou à l'objet saisi). Celui-ci diffère par ailleurs de l'objet d'observation དམིགས་ཡུལ།. Par exemple lorsqu'on perçoit des cornes à un lièvre, alors qu'il s'agit de ses oreilles, la paire de cornes constitue l'objet apparaissant à la perception, tandis que l'objet d'observation consiste en la paire d'oreilles du lièvre.

Dans le cas de perception conceptuelle fausse, à l'objet apparaissant ne correspondent ni objet introductif, ni objet conçu ཞེན་ཡུལ།, ni objet du mode de saisi འཛིན་སྟངས་ཀྱི་ཡུལ།. La description qui en est faite sera variable selon les écoles. Par exemple, pour l'école cittamātra, l'objet apparaissant n'est pas une image mentale mais, parmi les deux classes d'imputation ཀུན་བརྟགས་གཉིས།, une imputation dénuée de caractéristiques མཚན་ཉིད་ཡོངས་སུ་ཆད་པའི་ཀུན་བརྟགས།. Quoi qu'il en soit, à cet objet apparaissant peut correspondre un objet d'observation. Par exemple, lorsque l'on entend un son, et qu'on le conçoit comme permanent, l'objet apparaissant à la perception conceptuelle est un son permanent, tandis que l'objet d'observation est le son lui-même.

Il convient par ailleurs de distinguer l'objet apparaissant སྣང་ཡུལ། de l'apparence སྣང་བ། de cet objet que prend la perception. Par exemple, dans le cas d'une perception visuelle d'un vase, comme indiqué précédemment l'objet apparaissant est le vase et constitue donc un phénomène impermanent, tandis que l'apparence de ce vase prise par l'esprit est permanente. En effet, l'instant suivant, si l'on continue d'observer ce vase, la perception se manifestera avec une nouvelle apparence de celui-ci, mais sans que cette apparence soit pour autant dans une relation de continuité semblable à celle de deux instants successifs du vase lui-même, qui est un phénomène impermanent.

Dans le cas d'une perception conceptuelle, par exemple une perception conceptuelle d'un vase, l'objet apparaissant est permanent, car il s'agit d'une image mentale, ou à tout le moins au sens large, d'une imputation. L'apparence qui se forme à l'esprit, comme précédemment, est permanente également, mais distincte de l'image mentale. En effet, l'apparence d'une image mentale n'apparaît pas à l'esprit à la suite d'un processus d'exclusion, comme c'est le cas pour l'image mentale. L'image mentale du vase est construite de manière générique comme l'inverse de ce que n'est pas ce vase, tandis que l'apparence de cette image mentale apparaît simplement à l'esprit.