སེམས་ཙམ་པ།

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cittamātra

Cittamātra, école de l’esprit seul


Dans Les Bases du bouddhisme, Dagpo Rinpoche l’introduit ainsi (extraits) :

« Ecole philosophique གྲུབ་མཐའ། bouddhiste du mahāyāna, elle trouve son origine dans le troisième cycle d’enseignement འཁོར་ལོ་ཐ་མ། ainsi que trois des cinq traités de Maitreya བྱམས་ཆོས་སྡེ་ལྔ།  : le Mahāyānasūtralaṃkārakārika ཐེག་པ་ཆེན་པོའི་མདོ་སྡེ་རྒྱན།, Madhyāntavibhāga དབུས་མཐའ་རྣམ་འབྱེད།, le Dharmadharmatāvibhāga ཆོས་དང་ཆོས་ཉིད་རྣམ་པརའབྱེད་པ།.


Elle peut être qualifiée d’école « substantialiste idéaliste » dans la mesure où d’une part elle admet l’existence réelle de certains phénomènes et d’autre part affirme que tous les phénomènes ne sont jamais que de la nature de la perception qui les saisit.


Ārya Asaṅga ཐོགས་མེད། lui donna une impulsion déterminante par ses commentaires de ces enseignements fondamentaux. Les maîtres de cette école peuvent se répartir en deux groupes : ceux qui suivent principalement les textes comme Vasubandhu དབྱིགས་གཉེན། et Candragomin ཙནྡྲ་གོ་མི།, et ceux qui suivent principalement les raisonnements comme Dignāga ཕྱོགས་ཀྱི་གླང་པོ། et Dharmakīrti ཆོས་ཀྱི་གྲགས་པ།. »


La précieuse guirlande des systèmes philosophiques གྲུབ་པའི་མཐའི་རྣམ་པར་བཞག་པ་རིན་པོ་ཆེའི་ཕྲེང་བ། de Könchok Jigme Wangpo དཀོན་མཆོག་འཇིགས་མེད་དབང་པོ། les décrit ainsi (extraits) :

« Les cittamātrin sont définis comme les adeptes d’un système philosophique གྲུབ་མཐའ། bouddhiste qui récusent les phénomènes extérieurs ཕྱི་དོན། et affirment l’existence réelle བདེན་གྲུབ། des phénomènes dépendants གཞན་དབང་།. Il est possible d’en distinguer deux courants : les tenants de l’aspect véridique སེམས་ཙམ་རྣམ་བདེན་པ། et ceux de l’aspect mensonger སེམས་ཙམ་རྣམ་རྫུན་པ།, ou également ceux qui suivent les textes ལུང་གི་རྗེས་འབྲང་གི་སེམས་ཙམ་པ། et ceux qui suivent les raisonnements རིགས་པའི་རྗེས་འབྲང་གི་སེམས་ཙམ་པ།. Tous, ils sont appelés cittamātrin, tenants de l’esprit seul, parce qu’ils soutiennent que tous les phénomènes sont seulement ཙམ་པ། de la nature de l’esprit སེམས།. A ce titre, ils sont aussi appelés vijñānavādin རྣམ་རིག་པ།, les tenants de la conscience. Parce que c’est en se fondant sur le yoga རྣལ་འབྱོར། qu’ils établissent la pratique des conduites སྤྱོད་པ། de la voie, ils sont également dénommés yogācāra རྣལ་འབྱོར་སྤྱོད་པ།.


Pour ce qui est des objets, selon eux, l’ensemble des connaissables se condensent en les trois classes de phénomènes མཚན་ཉིད་གསུམ།. Tous les phénomènes composés sont des phénomènes dépendants གཞན་དབང་།, toutes les natures des phénomènes sont des phénomènes parfaitement établis ཡོངས་གྲུབ།, et tous les autres sont des phénomènes imputés ཀུན་བཏགས།. Tous trois existent de leur propre côté རང་ངོས་ནས་གྲུབ་པ།, existent de par leur propre nature རང་བཞིན་གྱིས་གྲུབ་པ།, mais ils diffèrent par rapport à leur existence réelle བདེན་གྲུབ།, ou leur non-existence réelle. Les phénomènes imputés n’existent pas réellement, mais les phénomènes dépendants et les phénomènes parfaitement établis existent réellement tous deux. Pour eux, les objets des cinq sens tels que les formes n’existent pas extérieurement car ils sont produits par la force des empreintes བག་ཆགས། karmiques ལས། spécifiques déposées sur la conscience tréfonds ཀུན་གཞིའི་རྣམ་ཤེས།, à partir des substances des consciences internes ནང་ཤེས་པའི་རྫས།. Ce qui les distingue des phénomènes imputés, c’est notamment que, bien que n’existant pas extérieurement, ils sont capables d’accomplir une fonction. Pour cette raison, les cittamātrin sont qualifiés de « substantialistes དངོས་པོར་སྨྲ་བ། idéalistes ». Les tenants de l’aspect véridique considèrent que, même si les cinq objets des sens ne sont pas des objets extérieurs, ils existent en tant qu’objet grossier རགས་པ་གྲུབ་པ།. Les tenants de l’aspect mensonger objectent que s’il en était ainsi, les phénomènes extérieurs existeraient nécessairement en tant qu’objets extérieurs et que par conséquent ils n’existent pas en tant qu’objets grossiers.


Pour ce qui est des sujets, les cittamātrin qui suivent les textes admettent huit consciences རྣམ་ཤེས་ཚོགས་བརྒྱད། et considèrent que l’individu est la conscience tréfonds ཀུན་གཞིའི་རྣམ་ཤེས།. Ceux qui se fondent sur les raisonnements estiment que l’individu est la conscience mentale ཡིད་ཤེས།.


En ce qui concerne la voie, ils prennent pour objet les seize aspects des quatre nobles vérités བདེན་བཞི་རྣམ་པ་བཅུ་དྲུག. Pour l’école cittamātra, le non-soi grossier de l’individu གང་ཟག་གི་བདག་མེད་རགས་པ། est le vide d’existence d’un individu permanent, un et indépendant. Le non-soi subtil de l’individu གང་ཟག་གི་བདག་མེད་ཕྲ་མོ། est le vide d’existence substantielle et autonome de l’individu. Le non-soi subtil des phénomènes ཆོས་ཀྱི་བདག་མེད་ཕྲ་མོ། est le vide que la forme et la perception véridique saisissant cette forme soient de substances distinctes, et le vide que la forme existe de par ses propres caractéristiques en tant que base conceptuelle de la perception représentative རྟོག་པ། l’appréhendant. Ces deux non-soi subtils constituent la vacuité སྟོང་པ་ཉིད།.


Selon eux, les objets d’abandon de la voie sont doubles : le voile des facteurs perturbateurs de l’esprit ཉོན་སྒྲིབ། et le voile à l’omniscience ཤེས་སྒྲིབ།. Le premier est constitué par les deux saisies du soi – grossière et subtile – de l’individu གང་ཟག་གི་བདག་འཛིན། avec leurs graines ས་བོན།, ainsi que les six facteurs perturbateurs de base རྩ་ཉོན་དྲུག། et les vingt facteurs perturbateurs secondaires ཉེ་ཉོན་ཉི་ཤུ།. Le second comprend la saisie du soi des phénomènes ཆོས་ཀྱི་བདག་འཛིན། et ses empreintes བག་ཆགས།.


En ce qui concerne la nature des voies, ils présentent les cinq chemins ལམ་ལྔ། par rapport aux trois véhicules ཐེགས་པ་གསུམ། et admettent la présentation des dix terres ས་བཅུ། du mahāyana. Pour ce qui est des résultats de la voie, les cittamātrin qui suivent les textes affirment qu’il y a trois véhicules ultimes མཐར་ཐུག་ཐེག་པ།, alors que ceux qui suivent les raisonnements soutiennent l’existence d’un seul véhicule ultime ཐེག་པ་གཅིག་པ།, le fait que tous les êtres finissent par atteindre l’Eveil complet བྱང་ཆུབ།. Tous, ils décrivent l’état de Buddha སངས་རྒྱས། à travers les trois corps སྐུ་གསུམ།. Parce qu’ils admettent tout cela, ils sont dits être des philosophes du mahāyana. »