སྙིང་བརྩེར་བཅས་ན་མི་དགེ་མེད།

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2.11. Bien qu’avec amour et compassion, il n’y ait pas de non-vertus, ne pas recourir aux sept activités du corps et de la parole, lorsque les circonstances l'exigent


Il s'agit de la onzième des quarante-six fautes secondaires à l'encontre des vœux de bodhisattva ཉེས་བྱས་ཞེ་དྲུག et parmi elles de la quatrième à l'encontre de la perfection de l'éthique ཚུལ་ཁྲིམས་དང་འགལ་བ་དགུ.

Dans le dixième chapitre des Terres des bodhisattva བྱང་ས།, ārya Asaṅga ཐོགས་མེད། la décrit ainsi :

« Il y a aussi des cas où des actes par nature négatifs ne sont pas des fautes s’ils sont accomplis par un bodhisattva avisé, et sont même sources d’abondants mérites.
Ainsi, supposons que le bodhisattva s’aperçoive qu’un brigand ou qu’un voleur est décidé à tuer – juste pour quelques richesses – des centaines et des centaines d’êtres de qualité : des śrāvaka ཉན་ཐོས།, des pratyekabuddha རང་སངས་རྒྱས།, des bodhisattva, et qu’il va par là même commettre de nombreux crimes gravissimes et qu’à cette vue il se dise :
“Si je tue cet individu, je renaîtrai sans doute comme damné des enfers ; il ne fait aucun doute que je renaîtrai en tant que damné, mais si lui sombre en enfer après avoir perpétré de ces crimes très funestes, ce serait déplorable. ”
Si, après avoir réfléchi de la sorte, et en s’étant mis dans un état d’esprit soit vertueux soit neutre, le bodhisattva tue l’individu à contre-coeur, et uniquement par compassion pour ses renaissances ultérieures, non seulement ce n’est pas une faute, mais cela lui octroie d’abondants mérites.
De même, si le bodhisattva en est capable, confronté à des rois ou à de puissants ministres qui sont extrêmement cruels, n’ont pas de pitié pour les êtres et ne cherchent à tout prix qu’à nuire à autrui, et qui de ce fait ne cessent d’accumuler d’innombrables démérites, par compassion pour eux et afin de leur être bénéfique, il fait en sorte de les démettre de leurs pouvoirs de gouvernants. Vis-à-vis des brigands et voleurs, qui s’emparent des possessions des autres, s’ils volent maintes richesses dévolues à la communauté ou à un stupa, se les approprient et souhaitent en faire usage, le bodhisattva les leur reprend. Se disant que comme de jouir de ces biens [mal acquis] leur ferait longtemps tort et qu’en aucun cas cela ne leur serait d’un quelconque bienfait, ce serait déplorable pour eux, il les leur enlève pour cette unique raison, et ce qui revenait à la communauté, il le lui restitue, ce qui avait été dévolu à des stupa, il l’offre à des stupa. Au cas où des cuisiniers ou des jardiniers dilapideraient indûment les biens de la communauté ou de stupa et en feraient un usage personnel, après vérification, le bodhisattva les démet de leurs fonctions en se disant que de telles malversations ne pourraient que leur faire longtemps tort et ne leur seraient d’aucun profit, ce qui serait déplorable pour eux. Ainsi, dans ce genre de situations, alors même que le bodhisattva s’empare de lui-même d’objets, non seulement ce n’est pas une faute, mais cela génère des mérites en grand nombre.
Ainsi, au cas où un bodhisattva laïque a affaire à une femme libre de tout lien [marital] qui est dévorée par le désir d’avoir des relations sexuelles et qui est obsédée par lui, en se disant que, si elle en arrive à le haïr, elle ne fera que développer nombre de démérites, ce qui serait déplorable pour elle, alors que, s’il acquiert de l’ascendant sur elle, il pourra à son gré la faire s’engager dans ce qui est vertueux et lui faire rejeter tout ce qui est non-vertueux, si par pure compassion il passe à l’acte et fait l’amour avec elle, bien qu’il se soit livré à des rapports sexuels, non seulement ce n’est pas une faute, mais cela génère des mérites en grand nombre. En revanche, comme les bodhisattva entrés dans les ordres prennent soin que l’enseignement des śrāvaka ཉན་ཐོས། ne disparaisse pas, ils ne doivent en aucun cas avoir de relations sexuelles.
Ainsi, alors que le bodhisattva ne dit pas de propos mensongers quand bien même il sait que sa vie est menacée, quand c’est pour protéger de nombreux êtres et éviter qu’ils ne soient tués, entravés, qu’ils n’aient la main, le pied, le nez ou l’oreille coupés ou encore l’œil énucléé, après avoir évalué la situation, le bodhisattva tient des paroles mensongères pour le salut des êtres. En résumé, si alors le bodhisattva en vient à travestir ce qu’il perçoit et à délibérément mentir à autrui, comme ses faits et gestes prennent exclusivement en compte le bien des êtres et ne sont jamais dénués de sens, et comme lui-même a des pensées sans tache et que son seul désir est d’être bénéfique aux autres, quand il ment, non seulement ce n’est pas une faute, mais cela génère des mérites en grand nombre.
Ainsi, à l’égard d’êtres qui sont sous la coupe de mauvais maîtres à penser, le bodhisattva, mû exclusivement par la compassion, se dit que si ces êtres continuent à s’en remettre à un ami délétère, comme cela leur ferait longtemps tort et qu’en aucun cas cela ne leur serait d’un quelconque bienfait, ce serait déplorable pour eux ; de ce fait, il s’ingénie à trouver les mots qui leur feront quitter les mauvais maîtres à penser, et il est content et enchanté de les en séparer. Bien qu’alors le bodhisattva ait semé la discorde entre des amis, ce n’est pas une faute, mais cela génère des mérites en grand nombre.
Ainsi, à l’égard d’êtres que se sont fourvoyés sur un mauvais chemin et qui commettent des actes répréhensibles, afin par ce moyen de les détourner autant que possible de ce qui est non-vertueux et de les amener à ce qui est vertueux, le bodhisattva les mortifie toujours avec des paroles rudes et dures. Bien qu’alors il prononce des propos rudes, ce n’est pas une faute, mais cela génère des mérites en grand nombre.
Ainsi, quand il a affaire à des gens qui aiment la danse, le chant et la musique, ou encore qui ont envie de parler des rois, des bandits et voleurs, de nourriture, des boissons, des prostituées, bref de papoter [“conversations de rue ”], le bodhisattva use de ses dons en danse, en chant, en musique et en les différents sujets de conversation, et par compassion, il les réjouit et aiguise leur intérêt avec de la danse, du chant, de la musique ou encore toutes sortes de propos qui relèvent du bavardage futile ; il prend ainsi de l’ascendant sur eux et dès lors qu’ils l’écoutent, il les détourne de ce qui est non-vertueux et les amène à faire ce qui est vertueux. Bien qu’en ce cas le bodhisattva ait tenu des propos futiles, ce n’est pas une faute, mais cela génère des mérites en grand nombre. »