དྲིན་གཟོ་བ།

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kratajña

Gratitude, rendre la bonté


La gratitude constitue la troisième des sept instructions རྒྱུ་འབྲས་མན་ངག་བདུན། qui mènent à l'esprit d'Eveil བྱང་ཆུབ་ཀྱི་སེམས།, et l’étape indispensable à l’émergence de l’affection ཡིད་འོང་བྱམས་པ།, l’une des deux formes d’amour བྱམས་པ།.

De ce fait, il ne saurait y avoir d’amour authentique, ni de réelle compassion སྙིང་རྗེ།, sans une réelle gratitude.

Elle se fonde sur le souvenir de la bonté d'autrui དྲིན་དྲན།, et apporte à ce souvenir un sentiment de responsabilité.

Ce sentiment de responsabilité, qui ne constitue pas encore une prise de responsabilité ལྷག་བསམ།, caractérise la gratitude. Il est évoqué à travers cette analogie poignante dans La Libération suprême entre nos mains ལམ་རིམ་རྣམ་གྲོལ་ལག་བཅངས།. Pabongkha Dordjechang ཕ་བོང་ཁ་རྡོ་རྗེ་འཆང་། s'y adresse à une vaste assemblée de méditants religieux et laïcs qui sont engagés dans une pratique pour épanouir l'amour et la compassion à l'égard de tous les êtres :

« Le Compendium de l’entraînement, le Śikṣāsamuccaya བསླབ་པ་ཀུན་བཏུས། déclare :
« Les facteurs perturbateurs de l’esprit les rendent fous ; l’ignorance les aveugle ;
Dans des chemins cernés de nombreux précipices, ils trébuchent à chaque pas.
Comme nous, les autres sont toujours exposés à la peine ;
Les êtres endurent d’identiques tourments. »
Supposons que notre mère de la vie actuelle, aveugle, n’ait aucun guide et que, frappée de démence, elle se tienne au bord d’un ravin prête à y sauter. Si nous, son fils, sommes là, en qui d’autre cette mère pourrait-elle placer ses espoirs ? Et le fils lui-même, s’il ne secourt pas sa mère, qui donc pourrait-il protéger ?
De manière analogue, tous les êtres imparfaits sont dépourvus des yeux qui distinguent les comportements qu'il conviendraient de mettre en œuvre de ceux qu'il conviendrait d'éviter. À chaque instant ils désirent [le bonheur] mais commettent des actes contraires, et leurs actions les font trébucher. Ils sont dépourvus d’un guide spirituel qui leur apprendrait à mieux cerner ce qu’il faut faire et ne pas faire. L’esprit perturbé par les trois poisons དུག་གསུམ།, ils n’en ont pas le contrôle et (...) se précipitent dans les immenses abîmes d'états infortunés (...).
Nous, pour cette fois, nous avons rencontré un guide, nous avons accès à l'enseignement du grand véhicule et nous savons un peu ce qu’il convient de faire et ne pas faire. Puisque nous sommes ainsi en bien meilleure posture qu’eux, nous devons réfléchir à la manière dont cela nous donne la responsabilité de recourir à tous les moyens nécessaires pour les sauver. (...)
Pensons donc : « Alors que je dispose pour le moment de moyens pour délivrer tous les êtres, les mères de mes vies passées, qui sont plongés dans les maelströms de l’océan du cycle des existences, si je ne les en tire pas, ce serait une grande honte. Aussi est-ce à moi qu’aujourd’hui incombe la responsabilité de les sortir de là. », et méditons cette nécessaire reconnaissance.
La manière de rendre aux êtres leurs bontés est décrite dans L’Essence de la voie du milieu, le Madhyamakahridaya དབུ་མ་སྙིང་པོ། [de Bhāvaviveka ལེགས་ལྡན་འབྱེད། ] :
« En outre, jadis, possédé que j’étais
Par mes démons – les facteurs perturbateurs -,
J’ai aggravé leurs maux et souffrances,
Comme si j’avais versé du sel sur leurs plaies.
Eux qui en d’autres vies
M’ont aimé, honoré et servi,
Comment pourrais-je leur rendre leurs bienfaits
Sinon en les arrachant aux douleurs ? »
En effet, si nous nous contentons de fournir aux êtres juste de quoi manger et se vêtir, cela les soulagerait certes de leur faim et de leur soif ponctuelles mais cela ne saurait suffire, car cette seule aide ne leur serait que de peu d'utilité sur le long terme. En revanche, si nous faisons en sorte qu’ils entrent en possession de tous les bonheurs et qu’ils soient libres de toutes les souffrances, ce serait leur octroyer un bienfait à la fois stable et immense. Si nous menons les êtres à l'Eveil complet, nous leur ferions du même coup obtenir l’état pourvu de tous les bonheurs et exempt de toutes les souffrances. [A travers un sentiment nouveau de responsabilité,] nous pensons : « J’établirai tous les êtres dans le complet Eveil. » »