རང་རིག

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svasaṃvedanā

Auto-perception


Il s’agit de perceptions ཤེས་པ། qui prennent l’aspect du sujet percevant འཛིན་རྣམ།, [c'est-à-dire qui saisissent une alter-perception གཞན་རིག]. Exclusivement tournées vers l’intérieur ཁ་ནང་ལྟ་གི་ཤེས་པ།, et saisissantes, elles sont dépourvues d’erreur མ་འཁྲུལ་བ། et de conceptions རྟོག་བྲལ།.

Dagpo Rinpoche les décrit ainsi dans son enseignement sur Les Quatre Ecoles philosophiques (1988-1990) :

« Selon les sautrāntika མདོ་སྡེ་པ། qui suivent les raisonnements རིགས་པའི་རྗེས་འབྲང་གི་མདོ་སྡེ་པ།, elles sont nécessaires, car les alter-perceptions གཞན་རིག, telles que les perceptions sensorielles དབང་ཤེས།, ne suffiraient pas pour se souvenir des objets perçus.
Selon eux, les alter-perceptions doivent être elles-mêmes objets d’une expérience, elles ont besoin d’un témoin, et toute perception à deux aspects, l’un objectal གཟུང་རྣམ། , l’autre percevant འཛིན་རྣམ། . Supposons que l’on pose un morceau en verre sur un objet. Puisque le verre est transparent, l’objet est visible, mais il y a alors deux aspects : celui de l’objet, et celui de la transparence. L’auto-perception serait semblable à ce dernier, et l’alter-perception au premier – ce qui explique la définition de l’auto-perception en tant que perception qui a l’aspect de saisir. Ainsi, selon cette école, lorsqu’on dit : « j’ai vu du bleu », c’est parce que l’auto-perception a expérimenté la perception visuelle, ce qui permet de s’en souvenir.
L’auto-perception est admise non seulement par les sautrāntika qui suivent les raisonnements (il demeure un doute concernant les sautrāntika qui suivent les textes ལུང་གི་རྗེས་འབྲང་གི་མདོ་སྡེ་པ། ), mais également par les cittamātra སེམས་ཙམ་པ། qui suivent les raisonnements རིགས་པའི་རྗེས་འབྲང་གི་སེམས་ཙམ་པ།, ainsi que les mādhyamika yogācāra svātantrika རྣལ་འབྱོར་སྤྱོད་པའི་དབུ་མ་པ།. »

Ainsi, l'enjeu des auto-perceptions est la description du mécanisme de la mémoire དྲན་པ། - mais il s'agit moins de la mémoire des objets eux-mêmes, que de la mémoire d'avoir perçu ces objets. Dagpo Rinpoché éclaire ce point, notamment dans L'Esprit et ses fonctions (1986) :

« A propos du souvenir d’avoir vu un objet bleu, tous les philosophes bouddhistes admettent qu'on se rappelle alors à la fois l'objet bleu lui-même et, inconsciemment, avoir eu la perception d'un objet bleu. La pensée : « j'ai vu un objet bleu » comporte à la fois la remémoration de l'objet bleu et celle de la perception antérieure d'un objet bleu. Ceci est unanimement admis. La divergence porte sur ce qui permet de se rappeler la perception antérieure d’un objet bleu [, en d'autres termes, d'avoir vu l'objet bleu].
Les tenants de l'auto-perception soutiennent que, s'il n'y avait pas d'auto-perception, lorsqu'on pense : « j'ai vu un objet bleu », on pourrait se rappeler l'objet bleu, mais pas d'avoir eu la perception de l'objet bleu. La séparation est nette entre l'objet bleu dont on se rappelle et la perception de l'objet bleu dont on se rappelle également. Ils affirment donc que, si on peut se rappeler avoir vu un objet bleu, c'est parce que l'objet a été perçu par une perception visuelle, et que si on peut se rappeler avoir eu la perception visuelle d'un objet bleu, c'est parce que la perception visuelle elle-même a été perçue par une autre perception, une auto-perception. »