སྡུག་བསྔལ་གསུམ།

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tri duḥkha

Les trois souffrances, les trois types de souffrances


Au sein du cycle des existenes, il est possible de distinguer trois types de souffrances universelles, qui recouvrent toutes les formes de souffrances སྡུག་བསྔལ། :

1. སྡུག་བསྔལ་གྱི་སྡུག་བསྔལ། duḥkha duḥkhatā/ Souffrance de la souffrance, souffrance manifeste.
2. འགྱུར་བའི་སྡུག་བསྔལ། vipariṇāma duḥkhatā/ Souffrance du changement.
3. ཁྱབ་པ་འདུ་བྱེད་ཀྱི་སྡུག་བསྔལ། saṃskāra duḥkhatā/ Souffrance inhérente à l’existence conditionnée.


Comme le décrit, le Ve Dalaï-Lama Ngawang Lobsang Gyatso བློ་བཟང་རྒྱ་མཚོ། dans Les Instructions de Jamyang Lama Tsongkhapa ལམ་རིམ་འཇམ་དཔལ་ཞལ་ལུང་།  :

« Tant que l’on ne s’est pas libéré du saṃsāra འཁོར་བ།, on reste exposé aux souffrances à venir ; par exemple, bien que par le pouvoir des mérites on puisse devenir monarque universel ou Brahmā, on redeviendra esclave. (…)
À supposer que de l’eau salée soit versée sur un abcès infecté, la douleur accrue au contact du sel est souffrance de la souffrance སྡུག་བསྔལ་གྱི་སྡུག་བསྔལ།. Lorsqu’au cours d’un déplacement, fatigué, on s’immobilise, une sensation de « bonheur » se produit mais le fait, au bout d’un moment, d’avoir mal aux jambes et aux reins est une souffrance du changement འགྱུར་བའི་སྡུག་བསྔལ།. L’impossibilité pour quelqu’un qui est pris dans la glace de ressentir de la chaleur tant qu’il n’est pas libéré de là, relève de la souffrance inhérente à l’existence conditionnée ཁྱབ་པ་འདུ་བྱེད་ཀྱི་སྡུག་བསྔལ།. »


Le guide des êtres Pabongkha Dorjechang ཕ་བོང་ཁ་རིན་པོ་ཆེ། dans La Libération suprême entre nos mains ལམ་རིམ་རྣམ་གྲོལ་ལག་བཅངས། décrit ces trois souffrances comme suit :

« Parmi les agrégats souillés ཟག་བཅས་ཀྱི་ཕུང་པོ།, la sensation ཚོར་བ། revêt trois aspects : plaisant, déplaisant, neutre – mais en dehors de la souffrance manifeste, on ne comprend pas que les deux autres sensations également relèvent de la souffrance. (…)
Tout ce que, pour le moment, nous considérons comme étant des bonheurs dans le saṃsāra n’est pourtant jamais que de la nature de la souffrance སྡུག་བསྔལ་བ།, et tout ce que nous estimons être neutre également. Si on verse de l’eau fraîche sur un abcès chaud, un semblant de bonheur apparaît. Voilà ce que sont les sensations de bonheur pour les êtres du saṃsāra. Comme au bout d’un moment, elles génèrent une douleur, elles sont souffrances du changement. Ainsi, toutes les sensations de bonheur souillées, tous les mentaux principaux སེམས། et facteurs mentaux སེམས་བྱུང་། concomitants, ainsi que tous les objets pris en compte par elles sont souffrances du changement.
A l’instant où apparaît un abcès chaud, il ne comporte pas directement de douleur inflammatoire, mais il en a la nature. Cependant, tant que le bouton est préservé des contacts chauds et froids dus, par exemple, à de l’eau, la sensation souillée ཟང་ཟིང་དང་བཅས་པའི་ཚོར་བ། reste neutre. Les sensations souillées neutres ainsi que les mentaux principaux, les facteurs mentaux et les objets leur correspondant sont tous régis par des karma ལས། et facteurs perturbateurs ཉོན་མོངས། antérieurs. Ils sont reliés aux graines ས་བོན། qui susciteront les souffrances et les facteurs perturbateurs à venir. Ils sont corrélés aux empreintes བག་ཆགས།, aux potentialités négatives qui entraîneront les prochaines vies. Aussi sont-ils tous souffrance inhérente à l’existence conditionnée.
Quand quelque chose comme de l’eau salée entre en contact avec une blessure enflammée, la souffrance associée à la brûlure se manifeste ouvertement, et la douleur aigüe est ce qu’on appelle une sensation de souffrance. Ainsi les sensations souillées de souffrance qui malmènent corps ou esprit, les mentaux principaux, les facteurs mentaux et les objets qui leur correspondent sont tous souffrance de la souffrance. En fait, tout ce que nous estimons être une souffrance relève de la souffrance de la souffrance.
Tout ce que nous prétendons être un bonheur revient à la souffrance du changement. La preuve qu’il ne s’agit pas d’un bonheur véritable est que, si ce qu’on croit être un bonheur se poursuit longtemps, cela provoque une souffrance. Ce que nous intitulons « bonheur », c’est ce qui se produit entre l’arrêt d’une douleur antérieure qui a décru peu à peu, et l’apparition de la douleur suivante d’abord à son degré le plus faible. Par exemple, lorsqu’après être restés trop longtemps à l’ombre, nous avons froid et allons au soleil, nous ressentons un moment comme une forme de bonheur. Mais ce n’en est pas un. Si c’était le cas, de même que plus nous prolongeons une souffrance, plus elle s’intensifie, il faudrait qu’aussi longtemps que nous resterions au soleil, le plaisir ne décline pas mais ne fasse qu’augmenter. Il n’en est rien, puisque bien vite la souffrance ressurgira et nous devrons retourner à l’ombre. A nouveau, même si cela nous est imperceptible, ce qui apparaît alors, c’est une souffrance à son premier degré.
En bref, (…) tout comme l’homme nu sur le dos duquel a été chargé un fagot de ronces souffre tant qu’il ne l’a pas déposé à terre, il n’est pas un moment où on n’endure pas une souffrance ou une autre tant que l’on ne s’est pas débarrassé du fardeau des agrégats souillés. »