དོན་དམ་བདེན་པ།

Vérité ultime, réalité ultime

Toutes les écoles philosophiques bouddhistes répartissent les objets en deux vérités བདེན་གཉིས།  : ceux qui relèvent de la vérité ultime et ceux qui relèvent de la vérité conventionnelle ཀུན་རྫོབ་བདེན་པ།. Mais elles leur donnent chacune un sens différent. La Précieuse Guirlande des systèmes philosophiques གྲུབ་པའི་མཐའི་རྣམ་པར་བཞག་པ་རིན་པོ་ཆེའི་ཕྲེང་བ། met ainsi en évidence leurs différents points de vue :

1. Point de vue de l’école vaibhāṣika བྱེ་བྲག་སྨྲ་བ།.

Selon l’école vaibhāṣika, relève de la vérité ultime tout phénomène dont la perception n’est pas susceptible de se dissiper lorsqu’il est détruit ou décomposé mentalement en parties. Ex. les particules dénuées de parties directionnelles ཆ་མེད་ཀྱི་རྡུལ།, les instants de perception indivisibles ཤེས་པ་སྐད་ཅིག་ཆ་མེད། et l’espace non-composé འདུས་མ་བྱས་ཀྱི་ནམ་མཁའ།.

2. Point de vue de l’école sautrāntika མདོ་སྡེ་པ།.

Selon les sautrāntika qui suivent les raisonnements རིགས་པའི་རྗེས་འབྲང་གི་མདོ་སྡེ་པ།, relève de la vérité ultime tout phénomène qui, sans dépendre d’une imputation nominale སྒྲ་རྟོག ou représentative, est établi de son propre côté de telle sorte qu’il supporte l’analyse. Selon eux, vérité ultime, phénomène efficient དངོས་པོ།, phénomène à caractéristiques propres རང་མཚན།, phénomène impermanent མི་རྟག་པ།, phénomène composé འདུས་བྱས། et existant réel བདེན་གྲུབ། sont synonymes. Ex. un vase. Les sautrāntika qui suivent les textes ལུང་གི་རྗེས་འབྲང་གི་མདོ་སྡེ་པ།, quant à eux, admettent une présentation des deux vérités semblable à celle des vaibhāṣika.

3. Point de vue de l’école cittamātra སེམས་ཙམ་པ།.

Selon l’école cittamātra, relèvent de la vérité ultime les objets trouvés par les perceptions avérées initiales discriminatives qui analysent l’ultime. Parmi les trois classes de phénomènes མཚན་ཉིད་གསུམ།, ils coïncident avec les phénomènes certains, aussi appelés phénomènes parfaitement établis ཡོངས་གྲུབ།. Pour eux, vérité ultime, vacuité སྟོང་པ་ཉིད།, dharmadhātu ཆོས་ཀྱི་དབྱིངས།, phénomènes parfaitement établis, limite supérieure et ainsité དེ་བཞིན་ཉིད། sont synonymes, et tout ce qui est vérité ultime existe de par ses propres caractéristiques.

4. Point de vue de l’école mādhyamika དབུ་མ་པ།.

Selon le courant svātantrika mādhyamika དབུ་མ་རང་རྒྱུད་པ།, relèvent de la vérité ultime les phénomènes qui sont compris de façon non-duelle par des perceptions valides véridiques initiales ཚད་མ། directes qui les comprennent directement མངོན་སུམ་དུ།. Ex. le vide d’existence réelle du vase. Selon eux, la vérité ultime peut être détaillée à travers les quatre སྟོང་པ་ཉིད་བཞི། ou les seize vacuités སྟོང་པ་ཉིད་བཅུ་དྲུག.

Pour le courant mādhyamika prāsaṅgika དབུ་མ་ཐལ་འགྱུར་བ།, relèvent de la vérité ultime les objets trouvés par les perceptions véridiques qui distinguent l’ultime. Ils admettent le non-soi subtil de l’individu གང་ཟག་གི་བདག་མེད་ཕྲ་མོ། et des phénomènes ཆོས་ཀྱི་བདག་མེད་ཕྲ་མོ།. Pour eux, il n’existe pas de différence de subtilité entre eux, et ils constituent précisément le mode ultime d’existence. L’au-delà des peines མྱ་ངན་ལས་འདས་པ། et la vérité de la cessation འགོག་པའི་བདེན་པ། sont des exemples de vérités ultimes, tout comme l’absence de l’existence réelle བདེན་གྲུབ། d’un vase.